L’art de la lenteur dans la création

fabienne viennet Par

Dans Fait main

À l’heure où tout semble aller toujours plus vite – les notifications, les livraisons, les tendances – créer lentement peut sembler à contre-courant. Et pourtant… C’est souvent dans la lenteur que naît la profondeur.

Petite, j’étais déjà lente. Lente à répondre, lente à finir mes exercices, lente à courir. À l’école...

cette lenteur me valait bien des remarques. « Dépêche-toi », « Tu es encore la dernière ». J’avais l’impression d’être en décalage avec le monde. Ma lenteur devenait un poids, un défaut à corriger, un frein à mon élan.
Même sur les skis, je ressentais cette pression. Je participais à des courses, et dès que je me mettais à vouloir aller plus vite pour "faire comme les autres", je tombais. À force de vouloir forcer le rythme, je me déstabilisais. Et je finissais disqualifiée. C’était décourageant.
Il m’a fallu des années pour comprendre que cette lenteur faisait partie de moi. Qu’elle n’était pas une faiblesse, mais une autre façon d’être au monde. Avec l’âge, j’ai cessé de me battre contre elle. Et dans mon atelier, j’ai enfin trouvé un espace où elle pouvait s’épanouir librement.
Quand je travaille la laine, que je feutre à la main, que je couds, je reviens à ce rythme intérieur qui m’est propre. Ce n’est pas une lenteur paresseuse, mais une lenteur habitée. Chaque geste a le temps de se poser. Chaque création mûrit doucement. Rien n’est pressé, et tout est pleinement vécu.
Aujourd’hui, on commence à découvrir les vertus de la lenteur. On parle de "slow life", de "slow craft", on valorise le fait-main, le temps long, le retour à l’essentiel. Je souris parfois en lisant cela, parce que moi, j’étais lente bien avant que ce soit à la mode ! 
Je me sens dans mon élément, dans une équipe à mon image : celle des gens qui prennent le temps.

Créer lentement, c’est prendre le temps d’écouter la matière, de laisser les gestes se déposer, de recommencer si nécessaire. C’est entrer dans un rythme intérieur, loin de la cadence imposée par l’extérieur. Dans mon atelier, chaque point cousu, chaque fibre feutrée, chaque ours ou poupée qui prend forme porte en lui ce temps-là. Le temps du soin, de la patience, de la présence.
La lenteur permet aussi de tisser une relation intime avec ce que l’on fait. Le geste devient méditation, de la pleine conscience, le processus plus important que le résultat. On avance avec le cœur, et non avec l’horloge. On apprend à accepter que certaines choses prennent le temps qu’elles doivent prendre – ni plus, ni moins.
Et puis, il y a une forme de résistance douce dans le fait de créer lentement. Une manière de dire : je choisis une autre voie. Une voie où l’on respecte les rythmes naturels, où l’on valorise la qualité plutôt que la quantité, où chaque pièce raconte une histoire singulière, née de ce temps donné.
Créer lentement, c’est tisser des liens avec la matière, avec soi, avec le monde. C’est offrir à chaque pièce une histoire, une âme. Et c’est aussi, pour moi, une façon de réconcilier la petite fille que j’étais avec la femme que je suis devenue.

Dans un monde pressé, l’art de la lenteur est un acte de création, mais aussi un acte de liberté.

 

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